S’il existe dans le motocyclisme sportif une époque dorée pour nos amateurs les plus vétérans, on se souvient avec nostalgie de celle des 500cc de 2 temps. Profitant d’une nouvelle ère dans le motocyclisme, les pilotes américains et australiens présent à niveau mondial, arrivera de manière éminente européenne. Mais, comment cela s’est produit, en aussi peu de temps?
Un nouveau style de pilotage
En 1973 « la légende finlandaise », Jarno Saarinen, s’impose comme premier pilote non-américain aux 200 Miles de Daytona avec une Yamaha TZ 350 face à d’innombrables pilotes locaux équipés de moto d’un cylindre supérieur. C’est le premier européen de l’histoire arrivant à ce niveau, et en plus en si peu de temps ; entre autres, à ce jour historique, il rencontra un jeune appelé Kenny Roberts.
Roberts était un jeune californien doté d’un talent naturel pour être rapide sur la terre battue qui ont formés la majeure partie des essais du Gran National, le champion unique de la AMA jusqu’à maintenant, qui alternaient des évènements de dirt-track avec des courses d’asphaltes.
À la rencontre de Saarinen, Roberts semble avoir eu un déclic puisque sa façon de piloter a changé à partir de ce moment : le finlandais bougeait complètement le corps en direction de l’apex de la courbe tout en s’inclinant, transférant son poids et améliorant le comportement de la moto en courbe. Saarinen pris cette habitude durant les courses de ice-track qu’il disputait dans sa terre natale. Roberts n’a pas attendu longtemps avant d’adapter son style, en exagérant, puisqu’il n’a pas hésité à sortir les genoux jusqu’à toucher l’asphalte.
C’est avec ça que le motocyclisme commence une nouvelle ère.
Un martien venu d’Amérique
Quelques années plus tard, Roberts, déjà couronné aux États-Unis, décide d’émigrer en Europe pour le titre de Champion du Monde en 1978. Son style innovateur arrive justement quand les nouvelles 500cc de deux temps étaient en train de gagner en potentiel à pas gigantesques. Les nouveaux 3-cylindres introduits par Yamaha et Suzuki dans la catégorie reine ont fait leur arrivée d’une manière massive.
Les pilotes européens venant de catégories inférieures, où la finesse du contrôle est obligatoire, freinaient tardivement pour obtenir la meilleure vitesse possible en courbe, alors que Roberts, commence la méthode contraire: « rompt » le passage de courbes en accélérant avant tous, et, par conséquence, quand le moteur dérape, il glisse comme s’il s’agissait de dirt-track.
Les gommes à cette époque, ne sont pas aussi sophistiqués au niveau des composés , sans la possibilité de changer la marche de vitesse, ce qui contribuent à un style bien plus sauvage.
Les pilotes du vieux continent se verront alors surpris par l’école de pilotage américaine, habitués à percevoir le dérapage comme un signal de chute imminent.
Le résultat de cette révolution initié par Roberts a été son couronnement comme champion la même année, étant en course sur le circuit chaque fin de semaine, à peine connu et avec des nouveaux rivaux pour lui.
Un exploit incroyable qui lui vaudra le surnom de « le Martien »- venu d’une autre planète pour gagner ; et très vite, même chose pour la catégorie de 500cc ce qui en fera un territoire extraterrestre pour les européens.
Duels épiques
Vers les années 80, les 500cc sont devenus un terrain de chasse pour les pilotes américains et australiens. Beaucoup d’eux venaient de Championnats (quatre temps) de son propre pays, ils ont tous connus l’art de déraper grâce au dirt-track. Avec 115 kilos de poids, 150 cheveux, ces « cinq cents », étaient diaboliques pour le pilote.
L’époque se caractérise par une constante de duels épiques entre les pilotes transocéaniques pilotant au bord de la chute.
Roberts s’est afronté face à Spencer durant la saison en 1983 où arrive le coude à coude. À la dernière dispute, avec Andershop, les deux américains font des étincelles, quand ils toucheront le final de la ligne droite. Les deux sortent de piste, mais « Fast Freddie » a pu placer sa légère Honda 3-cylindres avant et gagner quelques points vitaux.
À Imola, la prochaine épreuve, se couronne le champion des 500cc, le plus jeune de l’histoire jusqu’à maintenant et seulement dépassé par Marc Márquez en 2013.
Randy Mamola, Wayne Gardener, Eddie Lawson… étaient de durs pilotes autant à l’intérieur qu’à l’extérieur du circuit. Il y a, sans doutes, une rivalité sans nom qui marque l’époque de douleur entre Wayne Rainey et Kevin Schwantz. Ce premier était un californien qui vient de l’entourage de Roberts, comme aussi Lawson ou John Kocinsky.
Ce deuxième était un peu plus timide et familial ; mais en piste, le contraire : Rainey contenu et intelligent et Schwantz sauvage et précipité. Les deux étaient des pilotes Yamaha et Suzuki durant toute la course sportive et ça, depuis les premiers pics à la AMA, il se détestent.
Sa première aventure en Europe était un prélude de ce que l’on verra : à Brands Hatch, en compétition au Superbikes, les deux arriveront à se toucher tour après tour, s’agissant d’obtenir le bon tracé de la montagne ruse britannique. Et au Mondial, ils continueront la rivalité : duels à Suzuka, Hockencheim, Assen…
Évolution des protections
Un développement parallèle aux massives 500cc, est celui des nouveaux systèmes de protection pour pilotes, qui passeront de la piste aux usagers de la moto sur route. Pour certitude, quelques circuits, qui engendrent plus de risques et machines exigeantes, disparaîtront le nombre de chutes que les pilotes ont acceptés et les fabricants de l’équipement commenceront une révolution parallèle.
Casques intégrales chaque fois plus sophistiqués, les nouvelles genouillères, protections extras et renforcements contre l’échauffement à l’asphalte que les pilotes caressent de plus en plus. D’un grand nombre de chutes, s’est conclus des leçons précieuses, comme par exemple, améliorer les points d’un gant les plus propices à la lésion, et des malheurs comme la chute de Rainey à Misano, la création de protections dorsales ergonomiques.
Les protections connaîtront davantage d’évolution à cette période que ces dernières cinquante années, comme le cas pour les pneumatiques et châssis. On verra aussi l’arrivé de matériel réplique : les casques de nos héros du circuit seront alors disponibles avec les mêmes couleurs dans les boutiques.
Les pilotes deviendront des « test riders », avec des contrats avec des marques d’équipement qui leurs offriront un salaire extra et sera un outil de publicité avec grand succès pour les marques.
La fin d’une ère
Toutes les bonnes choses ont une fin et pour l’époque des sauvages 500cc c’est pareil. En 1992, Honda introduit le motor « Big Bang », où les explosions des cylindres se sont regroupés et les nouveaux lancements se sont tranquillisés.
Cette technologie a été rapidement adopté par toutes les marques. Les 500cc étaient loin d’être dociles, mais là, pas impossibles. Les cinq titres consécutifs de Doohan ont comme rivaux des pilotes européens et japonais.
Le motocyclisme européen s’est vu obligé de suivre l’évolution et dans les années 90, a trouvé un chemin avec l’apparition de Supermotard. L’art du pilotage sauvage n’avait plus de secret.